Bonn, de notre correspondante.
Tout avait pourtant commencé avec gloire. Le 27 octobre 1998, quand Oskar Lafontaine prête serment comme ministre des Finances, il est le rassembleur qui a ressoudé le Parti social-démocrate et ainsi permis la victoire de Gerhard Schröder. A la présidence du SPD, il est si fort qu'on se demande si ce n'est pas lui qui va tirer les ficelles de l'Allemagne. Le chancelier l'a laissé se tailler un mégaministère. Il s'est entouré de professeurs, Heiner Flassbeck et Claude Noé, qui partagent ses grands projets néokeynésiens: relance par la consommation intérieure et la baisse des taux d'intérêt, remise en ordre des finances mondiales en limitant les fluctuations entre l'euro, le dollar et le yen.
Cours magistraux. Dès les premiers jours, pourtant, le passage de la théorie à la pratique pose problème. Les appels répétés de Lafontaine à une baisse des taux hérissent les banquiers centraux. Le Français Dominique Strauss-Kahn, d'abord heureux d'avoir enfin en Allemagne un relais pour encadrer politiquement l'euro, constate vite qu'il n'est pas si proche de Lafontaine qu'on le pensait. «Nous avons tenté de le tempérer, raconte un Français, mais chaque fois il retombait dans ses dadas keynésiens.» Les Américains lui disent clairement qu'ils tiennent ses projets de couloirs de fluctuation des monnaies pour de dangereuses chimères. A Bruxelles, Lafontaine et ses «professeurs» assomment leurs collègues par des cours magistraux sur la théorie de la demande. La p