Moscou de notre correspondante.
Déjà très affaibli politiquement, Boris Eltsine vient de subir un sérieux revers. La semaine dernière, il a été désavoué par les sénateurs, qui étaient jusqu'ici ses alliés, et a dû sacrifier son principal conseiller. Le Président n'a jamais paru si isolé.
La partie qu'il vient de perdre avait débuté le 1er février. Le procureur général Iouri Skouratov présente sa démission, aussitôt acceptée par Eltsine. Le geste est interprété comme un limogeage déguisé: Eltsine aurait voulu écarter un homme qui, dans le cadre de ses enquêtes sur la corruption, menaçait des proches. Mais, cette fois, le Président se heurte à une résistance imprévue. Le 17 mars, le Conseil de la Fédération (l'équivalent du Sénat, formé par les responsables régionaux) refuse d'entériner la démission de Skouratov. Ce dernier revient à son poste, plus combatif que jamais.
L'honneur du procureur. Une manoeuvre de dernière minute conforte le procureur dans son image de victime de la diffusion d'une cassette vidéo le montrant au lit avec deux femmes. Ce mauvais film X de 51 minutes est distribué aux sénateurs avant le vote. La chaîne publique en diffuse aussi quelques minutes. Mais le résultat est inverse de celui escompté: la classe politique se ligue pour défendre l'honneur perdu du procureur. Humilié, Eltsine cherche alors le coupable: le chef de son administration présidentielle, Nikola Bordiouja, limogé à peine quatre mois après avoir été nommé. Selon la presse, il aurait assur