Bilbao envoyé spécial
Ils sont plusieurs milliers à défiler dans les rues de Bilbao aux cris de: «Indépendance!», «Etat espagnol fasciste!», «Amnistie générale aux prisonniers d'ETA!» Les applaudissements crépitent au passage des leaders d'Herri Batasuna (HB), expression politique d'ETA, marchant à l'unisson derrière une banderole géante: «Utzi Bakean Euskal Herria», («Laissez le Pays basque en paix»). Plus tard, sur la plaza del Arenal, Arnaldo Otegi, porte-parole d'HB, se lance dans une diatribe contre la France et l'Espagne, accusées de «saboter le processus politique». «Ils jouent avec notre avenir, et nous ne leur en donnerons pas le droit.» S'agitent les drapeaux vert-blanc-rouge et retentit en choeur l'Hymne au soldat basque.
De Bilbao à Ortuella. Ce même samedi, à presque vingt kilomètres de là, dans la localité d'Ortuella, l'ambiance est tout autre. Les slogans «contre le fascisme» visent cette fois les auteurs non identifiés d'une attaque perpétrée la veille contre le siège du Parti socialiste local, désormais calciné. Sur place, Nicolas Redondo, responsable socialiste de la région, a toutes les peines du monde à rasséréner un parterre en colère. Ceux-ci s'en prennent à la fureur destructrice de Jarrai, une organisation de jeunesse proche d'HB qui refuse la trêve; ceux-là vitupèrent contre la «violence policière»: l'arrestation à Paris, le 9 mars, de «Kantauri», le supposé coordinateur des commandos d'ETA, ou encore les fouilles orchestrées, le week-end passé, par la