Amsterdam, de notre correspondante
Les Néerlandais s'apprêtent à vivre, à partir d'aujourd'hui à La Haye, le procès le plus ambitieux jamais tenu contre un trafiquant de stupéfiants. Desi Bouterse, l'homme fort du Surinam, ancienne Guyane néerlandaise, et deux de ses acolytes y sont jugés par contumace pour avoir dirigé le «cartel du Surinam». Desi Bouterse avait accédé au pouvoir en 1980 par un coup d'Etat de son armée et, s'il en a été écarté en 1992, il tire toujours les ficelles du gouvernement grâce à son titre de conseiller d'Etat. L'acte d'accusation rend l'homme d'Etat responsable de cinq convois, d'un total d'une tonne et demie de cocaïne, vers les Pays-Bas et la Belgique, de 1989 à 1992. Cachée dans des caisses de bois, de poissons séchés ou de fruits, la drogue arrivait à l'aéroport d'Amsterdam, au port de Rotterdam ou à l'aéroport de Bruxelles.
Ténacité. L'accusé a «utilisé sa position de chef de l'armée, commandé aux personnes concernées de transporter la drogue, organisé le transport à partir d'aéroports surinamais et fait en sorte que les stupéfiants ne soient pas saisis par la police, la douane et la gendarmerie du Surinam», mentionne l'acte d'accusation.
Pendant dix ans, le corps de police de la région de La Haye, dont une division est spécialisée dans le trafic international de cocaïne, a mené avec une ténacité acharnée cette mission impossible: «Le Surinam est à des milliers de kilomètres, les événements ont eu lieu il y a longtemps et nous n'avons obtenu au