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Libération

La guerre lasse du rebelle timorais. Falur, commandant de la guérilla, rêve de paix après 23 ans de conflit.

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publié le 23 mars 1999 à 0h15

Centre du Timor oriental, envoyé spécial.

Village après village, le long de chemins cahoteux, défilent les mêmes huttes. De larges plates-formes de bambou perchées sur pilotis, coiffées d'un toit de chaume et couronnées d'un motif en T. Les frêles armatures de paille et de gros bambou festonnent les vallées du centre de l'île. Elles sont dominées par de hautes montagnes couvertes de jungle tropicale et de plantations d'arabica que les Portugais ont abandonnées en quittant le territoire, en 1974. Leurs occupants, les indigènes de la tribu des Laklubars, marchent nu-pieds et parlent l'irate, l'un des 32 dialectes du Timor oriental. Profondément catholiques, ils vénèrent de petits autels dédiés à la Vierge, qui trônent en bonne place dans chacune des huttes. C'est dans l'une d'elles qu'est dissimulée la radio qui sert à contacter la guérilla.

Méfiance. On accède au campement du Falintil (la branche militaire du Front de libération du Timor oriental, le Fretilin) par des sentes ravinées où poussent des orchidées. Falur, le commandant de la «Région 3» n'a jamais accueilli autant de journalistes (une dizaine) qu'au cours des trois derniers mois. Tout contact avec la guérilla était auparavant hasardeux. Mais depuis la fin de l'an dernier une accalmie précaire s'est installée entre l'armée indonésienne ­ qui a envahi le Timor oriental en 1975 ­ et le millier d'hommes en armes du Falintil. Xanana Gusmao, le leader emprisonné de la guérilla, avait alors ordonné à ses troupes de n'use