Bonn, de notre correspondante.
C'était en novembre dernier, juste avant le sommet franco-allemand de Potsdam: «La France va tout faire pour soutenir la présidence allemande et lui permettre de boucler la négociation de l'Agenda 2 000», assurait un diplomate français, la main presque sur le coeur. Quatre mois plus tard, le même Français peste: «La présidence allemande s'y est prise comme un manche. Elle a fait l'erreur majeure de chercher à isoler la France.»
Le premier bilan de ce début de présidence allemande peut se lire dans ces deux phrases et l'inquiétante dégradation de la relation franco-allemande qu'elles expriment. La rencontre entre le chancelier Gerhard Schröder, Jacques Chirac et Lionel Jospin, vendredi dernier à l'Elysée, a donné lieu à une «franche explication»: «Schröder nous a fait savoir que nous étions seuls à vouloir rouvrir le compromis agricole, rapporte un Français, soucieux. Sans doute les Allemands pensent pouvoir passer en force.» Un nouveau dîner a dû être organisé entre Schröder et Chirac, hier soir à Berlin, pour tenter in extremis de recoller les morceaux avant l'ouverture du sommet.
La présidence allemande en arrive enfin là où elle aurait dû démarrer, grimaçait-on hier à Paris. «Il aurait fallu commencer par parler avec la France, à portes fermées», estime aussi Karl Lamers, expert européen de l'opposition chrétienne-démocrate. A l'évidence, la France n'est pas innocente: début mars, à peine la présidence allemande lui avait-elle cédé sur le cofin