Moscou, de notre correspondante.
La visite d'Evgueni Primakov à Washington n'aura pas lieu. Au beau milieu de son vol vers les Etats-Unis, le Premier ministre russe a fait demi-tour en raison de la crise au Kosovo. Dans une déclaration au correspondant de l'agence Itar-Tass à bord de son avion, Primakov a indiqué plus tard qu'il avait pris cette décision après une conversation avec le vice-président américain Al Gore l'informant de «frappes imminentes» contre la Yougoslavie.
A l'origine, ce voyage se présentait sous des auspices plutôt favorables. Primakov devait aplanir plusieurs dossiers épineux avec les Américains. Les Russes seraient notamment prêts à un compromis sur la question de leur coopération nucléaire avec l'Iran. En échange, le Premier ministre pouvait espérer une promesse d'aide et de crédits auprès de la communauté internationale. Mais l'intransigeance de Milosevic et les menaces de l'Otan ont tout remis en question. Sans même que le scénario militaire se précise, Primakov aurait dû concilier l'inconciliable: demander la reprise de l'aide à son pays et faire entendre sa voix discordante sur le Kosovo. Une gageure qui illustre le dilemme russe. Moscou a un besoin vital d'argent frais. Après la crise d'août 1998, le pays a réussi à éviter le pire et n'a pas sombré dans l'hyperinflation. Mais d'importantes échéances sur le remboursement de sa dette approchent. Et, sans ces crédits, Moscou ne pourra y faire face.
Finalement donc, Primakov a dû renoncer. Et si l'Ota