Berlin, envoyés spéciaux.
L'affaire fut rondement menée. Il n'a fallu qu'un rapide tour de table, hier, pour que les chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à huis clos, décident de nommer l'ancien président du Conseil italien, le démocrate-chrétien Romano Prodi, à la tête de la Commission européenne. Gerhard Schröder est venu l'annoncer fièrement sur le coup de 14 heures. Sa langue fourchant quelque peu «Romani Prod, euh, Romano Prodi» le chancelier allemand a vanté ce «candidat qui remplit de façon idéale le profil» du poste: une «expérience politique et de relation avec les administrations», un «engagement en faveur des réformes», une grande «probité» et une «compétence économique» certaine.
Afin que le sens politique de cette nomination, décidée dès l'ouverture du sommet de Berlin, qui s'achève ce soir, n'échappe à personne, il a tenu à souligner qu'elle devait «redonner confiance dans la force et la capacité d'action de l'Europe». Aucune autre candidature n'a été étudiée par le Conseil européen, faute de dispo-nibilité immédiate d'autres potentiels impétrants (en particulier les Premiers ministres portugais, Antonio Guterres, ou néerlandais, Wim Kok): Schröder a directement proposé le nom de Prodi. Jacques Chirac «c'est l'occasion d'un nouveau départ» , le Britannique Tony Blair et l'Italien Massimo D'Alema l'ont immédiatement soutenu. Les Espagnols, qui avaient espéré un temps placer à ce poste l'un des leurs, Javier Solana, le secrétaire général de l'Otan, très