Tel-Aviv, envoyé spécial.
Pour la première fois dans l'histoire de l'Etat hébreu, un Arabe brigue le poste de Premier ministre. Le député Azmi Bichara, qui caressait l'idée depuis près de deux ans, s'est lancé officiellement hier dans la bataille électorale. «Si les Arabes sont absents de la campagne, leurs problèmes le seront également», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. A cinq jours de la clôture, il affirme avoir réuni plus de 30 000 des 50 000 signatures nécessaires pour se présenter aux élections du 17 mai.
Préjugés. Azmi Bichara appartient à une communauté qui rassemble un cinquième de la population mais se trouve toujours écartée des principaux leviers de commande. «Nous occupons à peine 5% des emplois publics et nous ne possédons que 2,5% de la terre de ce pays. Nous souffrons de discrimination dans tous les domaines.» Les préjugés reculent lentement. Début mars, une Arabe était élue pour la première fois Miss Israël. Mais, une semaine plus tôt, une crèche de Beer Sheva, dans le sud du pays, rejetait à la demande des parents un enfant de 2 ans qui avait comme seul tort d'être arabe. Azmi Bichara, 43 ans, dirige une petite formation, Balad, jusque-là alliée au Hadash, l'ex-parti communiste. C'est un professeur de philosophie doublé d'un tribun, qui manie avec autant de dextérité les slogans et les concepts. Volontiers provocateur, ce nationaliste arabe a accroché dans son bureau de la Knesset un portrait de Nasser, l'ancien raïs égyptien. Cela ne l'empêc