Berlin, envoyés spéciaux.
Harassés par vingt heures de marchandage, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sont sortis vendredi, à 6 heures du matin, de l'hôtel Intercontinental de Berlin en annonçant un accord sur le financement futur de l'UE. Dans l'ambiance plutôt morose de cette aube berlinoise, les seuls à afficher une mine réjouie étaient les Premiers ministres britannique, portugais et espagnol. Les traits tirés, le chancelier allemand a concédé que le compromis n'était certes «pas idéal». Mais Gerhard Schröder jouait à Berlin un acte trop décisif de sa présidence de l'Union pour ne pas trouver ce sommet quand même «extraordinairement réussi»: après la désignation, mercredi, de Romano Prodi pour succéder à Jacques Santer à la tête de la Commission, Bonn a tenu son pari de boucler l'Agenda 2000 (loi de programmation budgétaire 2000-2006, réformes de la PAC et des aides régionales) à la date fixée. Le sommet de Berlin restera dans les annales comme le plus long de ces dix dernières années, mais certainement pas comme l'un des plus brillants. Car face à la nécessité de mettre leurs finances en ordre avant l'élargissement à l'Est, les Quinze se sont contentés d'un léger lifting. Jacques Chirac s'est borné à trouver l'accord «raisonnable». «Un peu dur» même, a rapidement lâché Lionel Jospin, avant de filer vers Paris.
L'un des rares à sourire était Tony Blair qui sauve l'essentiel: le chèque britannique «reste intact, exactement comme nous l'avions dit»,