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Libération

Congo-Kinshasa: «Nos vies ne valent rien». Rapport accablant sur les exactions du régime Kabila et des rebelles.

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publié le 27 mars 1999 à 0h18

C'est un constat mais, surtout, un chef d'accusation. «Nos vies ne

valent rien», a résumé hier le président de l'Association africaine de défense des droits de l'homme (Asadho), Guillaume Ngefa, en présentant le rapport annuel de son organisation sur la situation au Congo-Kinshasa, intitulé Le pouvoir à tout prix. Répression systématique et impunité. En 1998, l'Asadho a recensé «une cinquantaine de massacres», dont certains ont coûté la vie à plusieurs centaines de civils, tués à la machette ou mitraillés. «80% de ces massacres ont été commis par les rebelles et leurs alliés, les armées du Rwanda et de l'Ouganda, a expliqué Guillaume Ngefa. Un peu plus de 10% par l'armée congolaise, et le reste par des milices.» Face à ces «crimes de guerre et crimes contre l'humanité», la communauté internationale fait preuve d'une coupable inertie. «On est loin du Kosovo. Nous ne sommes pas des Blancs à proximité, a regretté le président de l'Asadho. Il y a là deux poids, deux mesures.»

Le régime de Laurent-Désiré Kabila, le successeur de Mobutu qui a pris le pouvoir à Kinshasa en mai 1997, et la «rébellion d'essence externe» qui, depuis août dernier, sert de paravent à la conquête de l'Est par les armées rwandaise et ougandaise, sont renvoyés dos à dos. De part et d'autre, l'Asadho relève «l'usage du massacre pour étouffer toute contestation», le règne de l'arbitraire qui se solde par «un vide du droit», des crimes économiques à grande échelle. «Les uns et les autres s'achètent des villas e