Miami de notre correspondant régional.
«La mort de jeunes gens est un prix que le peuple ne méritait pas de payer. C'est une honte nationale.» Dans la cathédrale d'Asunción, l'officiant lit hier, dans la consternation générale, la lettre de la conférence épiscopale condamnant les violences qui ont fait, vendredi et samedi, six morts et des dizaines de blessés, presque au seuil du sanctuaire, dans les parages du siège du Congrès. La place Independencia est encore jonchée de débris de toutes sortes, véhicules brûlés, barricades de fortune, arbres démantelés. La poste et un supermarché offrent leurs façades calcinées. Des blindés patrouillent. Dans le bidonville coincé entre la place et les rives du río Paraguay, les venelles sont désertes.
«Ce fut une boucherie», rapporte un auditeur à la radio. Dans cette petite capitale d'ordinaire si paisible, les événements ont pris une allure de cataclysme. La population appréhende une nouvelle flambée de haine avec la reprise, aujourd'hui au Sénat, du procès en destitution du président de la République, Raul Cubas. La rumeur publique impute à ce dernier l'assassinat, mardi dernier, du numéro 2 de l'Etat, le vice-président Argaña. Selon de nombreux témoins, les partisans de Cubas sont également à l'origine de l'émeute sanglante.
Vendredi, avant que tout dégénère, des milliers d'étudiants et de paysans campent dans le calme aux alentours du bâtiment législatif, exigeant la destitution de Cubas. Dans l'après-midi, des véhicules blindés tentent