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Libération

l'improbable procès des khmers rouges. Un jugement au Cambodge reviendrait à une parodie de justice.

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publié le 30 mars 1999 à 0h21

Phnom Penh, envoyé spécial.

Youk Chhang, directeur du Centre cambodgien de documentation, trépigne d'impatience. «J'aimerais bien être impliqué là-dedans. Mais aucun magistrat, aucun officiel ne m'a encore contacté», s'exclame-t-il dans son bureau, au premier étage d'une maison discrète et bien protégée du centre de Phnom Penh. «Là-dedans», c'est-à-dire dans la lente procédure qui devrait aboutir au procès de Ta Mok, le seul leader khmer rouge aujourd'hui derrière les barreaux. Depuis 1995, Youk Chhang et son équipe de chercheurs ont accumulé les pièces à conviction contre les dirigeants du Kampuchea démocratique responsables de la mort d'1,7 million de Cambodgiens entre 1975 et 1979. Des milliers de pages de «confessions» obtenues sous la torture, des piles d'ordres écrits d'exécution, des centaines de photos des cadres de l'Angkar (l'Organisation) casquette Mao sur la tête et foulard khmer autour du cou souriant comme s'ils étaient en excursion.

Contrôle international. Ces précieux documents pourraient bien moisir dans leurs caisses pendant encore de longs mois: la politique a pris le pas sur la justice en ce qui concerne le procès des Khmers rouges. Le Premier ministre Hun Sen a réaffirmé fin mars dans une lettre à Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, que Ta Mok comparaîtrait devant un tribunal cambodgien. En juin 1997, le même Hun Sen et le co-Premier ministre Ranariddh avaient pourtant demandé l'assistance de l'ONU pour «prendre les mesures qu'appellent les graves vi