Dakar, de notre correspondante.
C'est dans la région du Siné-Saloum que se niche le centre expérimental de médecine traditionnelle de Fatick. Loin des villes, dans un havre préservé par le cours de l'Histoire, le Dr Gbodossou a créé ce centre pour promouvoir les médecines traditionnelles au Sénégal. Erick Gbodossou a pourtant suivi un cursus universitaire classique. Mais ce Béninois installé à Dakar a retenu ce constat simple: «85% de la population au sud du Sahara s'adresse aux guérisseurs.» Et il a résolument opté pour la collaboration en réunissant des guérisseurs dans le centre de Fatick, qui est équipé d'un laboratoire d'analyses, contribution de la médecine moderne.
Soins inaccessibles. Ce ne fut toutefois pas facile de sélectionner les guérisseurs parmi tous ceux du département. Finalement, pour éliminer les charlatans, puisque «la vérité sort de la bouche des enfants», ce sont les enfants de 5-6 ans qui ont été interrogés. «Nous leur avons demandé: "Nous avons un malade mental dans la famille et cherchons un guérisseur, explique Erick Gbodossou. Ils nous ont répondu: "Allez dans le village X et demandez M. Y. C'est lui qui a soigné le fou de notre village" Puis les guérisseurs eux-mêmes ont donné l'adresse de confrères.» Aujourd'hui, ils forment à Fatick une association de 450 membres. Et leur travail ne reste plus totalement mystérieux depuis que des études ont été faites sur l'efficacité des soins dispensés. A l'issue de recherches menées de 1991 à 1996, l'ONG Enda