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Libération

Canada: l'autonomie du Nunavut le 1er avril (2). A la recherche des racines perdues. A des fins d'intégration, les Blancs ont détruit les coutumes ancestrales des Inuit.

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publié le 31 mars 1999 à 0h21

Iqaluit, envoyé spécial.

Les Inuit n'ont pas, à l'instar de Neil Armstrong, piétiné Tarqiq («le frère Lune») mais le pas qu'ils viennent de franchir ­ passant en un siècle de l'âge de pierre à celui de l'ordinateur ­ est gigantesque. Et cela ne va pas sans casse. Dans le cimetière d'Iqaluit, entre la falaise et les bouscueils qui hérissent la plage, les couronnes de plastique multicolores qui sortent de la neige donnent à la mort quelque chose d'artificiel. Les soustractions entre les dates, obligeamment effectuées sur les plaques vissées aux croix, soulignent le malaise. «Jaygo, 17 ans», «William, 17 ans», «Eepa, 19 ans»" Au Nunavut, on se suicide six fois plus qu'ailleurs au Canada.

«C'est par vagues», dit Matthew, qui n'a pas d'explication à donner et qui stagne avec ses amis à l'entrée d'un club vidéo. Dans le groupe, presque tous les jeunes fument, sans égard pour les trois bébés qui somnolent dans les amahuti (manteaux traditionnels à double capuchon) de leurs mères adolescentes. La tradition de l'adoption, le fait que les enfants soient élevés par la communauté semblent justifier l'insouciance des «enfants qui font des enfants».

Alcoolisme. Mais tout est trompeur: pas moins de 35% des habitants du Nunavut ont déjà inhalé des solvants, révèle une récente enquête. Et la propension à l'alcoolisme est telle qu'une des premières mesures prises par l'administration de la capitale du nouveau territoire, a été de rendre le coût des permis de boisson quasi prohibitif (7,02 dollar