«Sur les frappes aériennes nous n'avons pas d'avis précis. Notre base d'information est très faible, tout le monde travaille dans le virtuel et nous ne voulons pas raisonner à partir des informations initiales diffusées partout: comme dans tous les conflits, la part de manipulation de l'information est très importante. Nous espérons pouvoir nous faire une opinion quand nous aurons un contact solide avec la population concernée, ce qui est notre manière de procéder. Face aux informations alarmantes, on se pose toujours la question de leur aspect systématique: s'agit-il d'actes isolés? Est-ce qu'ils se multiplient sur l'ensemble du territoire? Il faut une collecte de données sur plus de quelques jours pour arriver à comprendre ce qui se passe. Etant donné le caractère hautement manipulatoire des acteurs du conflit, on se méfie. Notre activité médicale nous donne le privilège d'entrer en contact avec des milliers, des dizaines de milliers de personnes: tant qu'on n'est pas dans ces conditions on est extrêmement méfiant. C'est notre manière de fonctionner depuis vingt-sept ans. Il est difficile et extrêmement prématuré de tirer des conclusions. Notre méthode a fait ses preuves.
Jusqu'à lundi nous avions une équipe sur place, à Pristina, mais elle a dû partir. Nous avons maintenant plusieurs équipes dans toute la périphérie du Kosovo: au Monténégro, en Macédoine, en Albanie. Elles sont en train d'évaluer les besoins, de collecter les informations. On a commencé à envoyer du matéri