Oulan-Oude, Bouriatie (Russie) envoyé spécial
Il y a un poêle un vrai petch, blanchi à la chaux comme dans les maisons de villages russes , il y a un lit spartiate, des couverts bien rangés, une lampe à pétrole, une illustration collée à même le mur de terre. Mais ce n'est pas une maison, ni même un refuge de trappeur, c'est un trou à vie. Creusé à même la terre, à la lisière de la ville d'Oulan-Oude, capitale de la Bouriatie, l'une des régions les plus pauvres de la Russie. Gala vit là. Seule dans son trou. Depuis quatre ans déjà. Petite, un fichu de babouchka enserrant ses cheveux gris. 60 ans, «mais sans retraite». Un trou creusé et étayé de ses propres mains, l'un des meilleurs trous de la zone. «Elle est forte, courageuse», dit sa voisine, Tania. «Bonges». Ils sont 65 à vivre ainsi dans des cahutes souterraines creusées dans un sous-bois qui donne sur le vaste dépôt d'ordures d'Oulan-Oude. C'est cela qui les a attirés. Les ordures. A cause des bouteilles. Ils les ramassent, les lavent, les revendent. Ainsi survivent-ils. Il y a quatre ans, ils n'étaient que 28, «quand l'été arrivera, d'autres viendront s'installer». Un campement de taupes humaines. Un hameau de bonges (SDF en russe) du sous-sol. Et des histoires qui, de trou en trou, se répètent: une usine qui ferme, un personnel que l'on réduit ou encore un divorce qui laisse généralement la femme à la rue, et la dégringolade. Gala était mariée, vivait dans une bourgade à 70 kilomètres d'Oulan-Oude. «Dans les années