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Libération

Au Bénin, le «caméléon» Kérékou devra cohabiterL'opposition a remporté les législatives du 30 mars.

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publié le 5 avril 1999 à 0h35

Le Bénin continue de mener la course en tête sur la route cahoteuse

de la démocratisation en Afrique. L'heure est à la cohabitation dans l'ancien «quartier latin» de l'Afrique occidentale française, premier pays du continent à avoir organisé, en 1990, une «conférence nationale souveraine» pour mettre fin à la dictature du parti unique, le premier aussi à avoir réussi l'alternance au pouvoir, un an plus tard, puis le retour à la présidence ­ grâce aux urnes ­ de l'ancien autocrate.

Selon les résultats officiels des législatives du 30 mars, qui viennent d'être rendus publics, Mathieu Kérékou a perdu sa majorité au Parlement. Même si l'opposition est fortement divisée, elle totalise 42 des 83 sièges à l'Assemblée nationale, contre 39 pour la «mouvance présidentielle» et deux circonscriptions enlevées par des candidats indépendants. A deux ans de la prochaine présidentielle, l'ancien «grand camarade de lutte» marxiste, revenu, en 1996, au pouvoir comme prédicateur évangéliste, devra donc une fois de plus justifier son sobriquet de «Caméléon».

Ayant troqué le «marxisme-béninisme» d'antan contre un mysticisme chrétien, très populaire au pays berceau du vaudou, le général-président Kérékou se passe de parti, s'estimant «au-dessus de la mêlée pour des raisons religieuses». Ce qui ne l'a pas empêché de favoriser une alliance de partis, Fard Alafia, dans son fief nordiste, et l'émergence comme entrepreneur politique d'un richissime homme d'affaires, Séfou Fagbohoun, qui a affaibli le pa