Au Kosovo, devant l'entreprise odieuse et folle d'éliminer un peuple, l'intervention des Etats européens doit être à la hauteur de ce qui est indispensable, matériellement, moralement, politiquement. Cela veut dire maintenant: action militaire, puisque, pour les négociations, il est ou bien trop tard (elles ont échoué) ou bien trop tôt, puisqu'il faut d'abord avant la souhaitable conférence sur les frontières dans la zone des Slaves du Sud arrêter Milosevic, l'empêcher de régler les choses à sa manière. Cette action militaire ne doit pas être une forme de protestation ou d'assistance, mais une politique, un moyen de régler la situation, de créer les bases d'une solution juste.
Pour cela, il faut quitter deux ornières: D'abord, l'ornière des seules frappes aériennes. Celles-ci, à quoi l'Otan réduit jusqu'à présent son action, n'ont pas fait céder Milosevic. On les justifie maintenant par la destruction de l'appareil militaire serbe. Mais cet objectif en principe rationnel risque de conduire à quelque chose de moralement détestable: une politique de la terre brûlée en Serbie. Il est clair qu'il faut changer de moyens militaires et que les Européens devraient en prendre l'initiative.
Ensuite, l'ornière du juridisme international. En Bosnie, on n'est parvenu qu'à un résultat précaire et artificiel en y projetant un multiethnisme et un postnationalisme sans rapport avec l'état des esprits. Au Kosovo, c'est l'obsession morale de punir Milosevic qui aveugle. Les juristes le c