Pékin, de notre correspondante.
Le Premier ministre chinois Zhu Rongji est arrivé hier à Los Angeles pour une visite de neuf jours aux Etats-Unis, sa mission diplomatique la plus périlleuse depuis son accession au pouvoir voici juste un an. La bonne humeur, le climat de compréhension et les accolades qui avaient émaillé la venue en Chine de Bill Clinton, en juillet dernier, sont bien retombés. Le climat n'a cessé de se dégrader depuis l'automne, au point que tous les dossiers semblent désormais explosifs.
«La Chine et les Etats-Unis ne parviennent pas à établir une relation équilibrée. On repart pour une période de confrontation très sérieuse. L'opinion publique américaine et le Congrès ont de grandes suspicions à l'égard de la Chine. C'est un sentiment profond», déplorait, la semaine dernière à Pékin, David Shambaugh, professeur de sciences politiques à l'université George Washington et auteur de nombreux ouvrages sur la Chine. «Les Etats-Unis se cherchent un ennemi pour l'après-guerre froide, ce qui explique ce contexte, ainsi que le sentiment qu'une compétition attend les deux futures superpuissances», regrette le professeur, qui figure parmi les proches conseillers sur la Chine du président Clinton.
A Pékin, les autorités s'inquiètent de «l'hystérie antichinoise» qui s'est développée ces derniers mois. «Je m'attends à rencontrer une atmosphère inamicale, voire hostile. Ce voyage ne sera pas facile», a reconnu Zhu Rongji lors de sa conférence de presse annuelle, le 15 mars.