Placardée sur tous les murs, l'affiche d'Ismaël Omar Guelleh,
montrant le candidat sûr d'être élu demain président de Djibouti, promet «un nouveau souffle de vie». Mais si, à 54 ans, le successeur de l'unique chef de l'Etat qu'a connu l'ex-Territoire français des Afars et des Issas depuis son indépendance en 1977 va sans doute ranimer une présidence assoupie à la fin du long règne de l'octogénaire Hassan Gouled Aptidon, l'ère de «l'héritier» commence mal. Entre les murs de la prison civile de Gabode, les prisonniers politiques du régime expirent un par un, faute de soins. Sur quarante-quatre détenus, deux sont déjà morts, le dernier le 12 mars, et un troisième, âgé seulement de 19 ans, crache du sang. Sans assistance médicale depuis dix-huit mois, Ali Ahwa a contracté une tuberculose pulmonaire. Comme les autres prisonniers politiques à Gabode et, par solidarité, également dix-neuf opposants djiboutiens en Europe, il poursuit néanmoins une grève de la faim, entamée le 29 mars.
Les conditions de détention sont déplorables. Selon Aïcha Dabalé, elle-même ancienne prisonnière, libérée il y a un an sous la pression internationale, son mari a vécu pendant un an et demi enfermé dans une toilette turque, une «cellule» de 2 m2. Il y a peu, c'était éga- lement le sort de Me Mohamed Aref. Le 23 mars, le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, a officialisé une «démarche» en sa faveur. Il réagissait ainsi à une interpellation écrite du député socialiste Arnaud Montebourg q