Rome, de notre correspondant.
Six ans après sa mise en examen et trois ans et demi après le début de son procès, l'ancien chef du gouvernement italien Giulio Andreotti a finalement pris connaissance hier matin des conclusions et de la requête du procureur de Palerme: quinze ans de réclusion pour «association mafieuse» et interdiction à vie d'exercer toute fonction publique. Au terme d'un réquisitoire de deux mois et demi appuyé sur un dossier de vingt mille pages, le juge Roberto Scarpinato a ainsi réitéré la thèse selon laquelle le sénateur à vie se serait servi de la Pieuvre pour soutenir sa carrière politique.
Trente-trois fois ministre et sept fois président du Conseil, Giulio Andreotti, surnommé «l'Inoxydable» pour sa longévité au pouvoir, aurait été «le répondant politique à Rome de Cosa Nostra, notamment entre 1978 et 1992». Et cela de «façon continue», ce qui explique l'aggravation de la peine requise pour «association mafieuse» de douze à quinze ans. En clair, il aurait passé un pacte avec certains clans mafieux, afin de consolider son pouvoir tant au sein de son parti, la Démocratie-chrétienne, que lors des élections en Sicile. La Mafia lui aurait ainsi garanti un apport conséquent de voix. En échange, il aurait à plusieurs reprises fait pression sur la magistrature en faveur des parrains de Cosa Nostra. «Il a transformé son courant au sein de la DC en une structure de services pour la Mafia», ont insisté les juges de Palerme.
Pour soutenir cette accusation, les adjoi