Un tour? Deux tours? C'est devenu à Alger la manière de demander
jusqu'où ira la fraude lors du prochain scrutin. Surtout depuis qu'un sondage publié par le quotidien El Watan crédite de 33, 8% des suffrages Abdelaziz Bouteflika, qui fait figure de candidat du pouvoir, et n'exclut pas qu'il puisse «passer au premier tour». A elle seule, l'absence de tout institut de sondages en Algérie, et donc de la moindre enquête d'opinions fiable, suffirait à expliquer les haussements d'épaules qui ont accueilli cette publication. Les chiffres ne sont pas faits pour démentir le scepticisme ambiant. Les trois principaux prétendants, Hocine Aït Ahmed, Mouloud Hamrouche et Taleb Ibrahimi, réuniraient en effet" moins de suffrages que le candidat officiel, dont les meetings fleurent bon l'époque du parti unique. Mais l'intérêt de ce sondage est ailleurs. «Il prépare l'opinion à l'idée que les mobilisations importantes réalisées par les autres "gros candidats n'empêchent pas que le futur président s'appelle Bouteflika», s'amuse un ancien ambassadeur d'Algérie. Du coup, la question lancinante qui revient depuis l'annonce du scrutin prend une acuité nouvelle: les «décideurs», comme on appelle la poignée de hauts gradés qui exercent le pouvoir réel, imposeront-ils jusqu'au bout «leur» candidat, qui semble jouir d'un soutien populaire moindre que ses rivaux? Depuis quelques jours, la crainte d'une fraude massive est partout. Elle seule, en effet, peut imposer le favori au premier tour, compte tenu