En pleine «année du Maroc» en France, Hassan II apure les comptes
des décennies de plomb dans son royaume. Mis en place par le souverain pour solder un passé tout répressif, le Conseil consultatif des droits de l'homme (CCDH) vient d'annoncer qu'une «grande partie» des familles de 112 «disparus» entre 1960 et 1980 seront indemnisées, en même temps que seront graciés les derniers prisonniers politiques, une «vingtaine» de condamnés pour crimes de sang. Le monarque respecte ainsi l'échéance qu'il s'était lui-même fixée le 9 octobre dernier en promettant que, dans un délai de six mois, «la page des droits de l'homme sera définitivement tournée». Au regard des mesures annoncées et, surtout, de celles qui ne le sont toujours pas, il n'est cependant pas sûr que le chapitre des abus du régime soit vraiment clos.
Selon le communiqué du CCDH publié mercredi soir, un «organisme d'arbitrage», composé de juges et de représentants des ministères de la Justice et de l'Intérieur, disposera de trois mois pour arrêter les modalités d'une compensation financière que l'Etat marocain versera aux «disparus». A quels «disparus»? Officiellement, il n'est question que de 65 personnes reconnues comme étant mortes en détention. Or, lorsque la liste des 112 «disparus» recensés par le CCDH a été rendue publique pour la première fois, il y a six mois, elle ne comportait que 56 morts" A ce nombre s'ajoute 13 personnes «retrouvées», 5 au Maroc et 8 à l'étranger, dont 2 avec des «adresses connues». Le sort d