Menu
Libération

Algériens de France isolés dans l'isoloir. Du 10 au 15 avril, les immigrés votent pour la présidentielle. Autrefois implacable, le noyautage de la communauté par Alger s'est desserré quand le pays a sombré dans le chaos.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 avril 1999 à 0h39

Ce dimanche-là, devant un portrait du candidat Bouteflika, tendu

sous le ciel de la Seine-Saint-Denis, c'est un chassé-croisé d'élégantes parfumées et d'anciens du FLN en toque d'astrakan. Avec cérémonie, deux commerçants se donnent une lente accolade qu'interrompt le grelot d'un téléphone portable. Un homme fend la foule, précédé d'un gaillard empressé qui proclame: «Voulez-vous que je vous présente ce monsieur? Il est très puissant, une grande famille de militaires"» Dans son dos, une femme fait la moue. Et glisse: «Il se vante. Il fait croire qu'il est influent parce qu'il a dans son portefeuille une photo où il serre la main de Chirac. Beaucoup de gens sont venus comme à la parade, pour se faire remarquer.» A quelques jour de la présidentielle en Algérie, les partisans d'Abdelaziz Bouteflika (qui, lui, n'est pas venu) battent la campagne dans la communauté de France.

A la tribune, Abderrhamane Dahmane secoue la salle: «On nous dit que Bouteflika est le candidat de l'armée. Est-ce qu'il faut avoir honte de nos militaires? Vive l'armée algérienne.» Surveillant depuis vingt ans dans un lycée parisien, Dahmane est surtout un infatigable arpenteur de l'échiquier politique. Ancien militant FFS (parti historique d'opposition), Dahmane a ensuite tourné bride pour rallier le général Zeroual, qui s'était emparé du pouvoir après l'annulation des élections en 1992. Aujourd'hui on le retrouve chez Bouteflika, qui n'a pourtant pas les faveurs de Zeroual. Mais on le donne gagnant, grâce