Bonn de notre correspondante.
C'est un Schröder transformé que les délégués sociaux-démocrates allemands sont appelés à élire ce lundi à la présidence du SPD. Depuis la démission d'Oskar Lafontaine de ses fonctions de ministre des Finances et de président du parti, le 11 mars, le chancelier paraît comme métamorphosé. La participation de la Bundeswehr aux bombardements de l'Otan contre la Serbie, grande première pour l'Allemagne depuis 1945, a révélé un Schröder homme d'Etat, ferme et résolu, sans être trop va-t-en-guerre. Grand professionnel de la télévision, il s'est avéré très convaincant, exhortant la nation à rester «solidaire de ses soldats».
Après les débuts brouillons de son gouvernement, Gerhard Schröder a profité de la guerre du Kosovo pour annoncer en Conseil des ministres qu'il ne tolérerait plus d'incartades: «Nous devons assumer notre responsabilité. Celui qui sème l'incertitude à l'extérieur n'a pas sa place à cette table ["] L'Alliance occidentale fait partie de la raison d'Etat allemande.» A ce jour, aucun des ministres rouge ou vert n'a osé dévier de la ligne ainsi tracée, manifestant là une cohésion bien plus forte qu'en France. Le drame du Kosovo a balayé d'un trait les conflits révélés par la démission de Lafontaine ou l'image frivole du chancelier, qui, durant ses premiers mois, avait plus brillé dans les talk-shows que par ses décisions politiques. La guerre a fait oublier à temps le surnom de «Party-Kanzler» (le chancelier noceur) dont le magazine Spiege