Budapest, de notre correspondante.
Avec sa casquette et son ton gouailleur, Ildi, lycéenne de 19 ans, a un petit air de Gavroche. Un Gavroche qui manipulerait, non pas de la poudre à fusil mais de l'héroïne. Toxicomane, Ildi deale de petites quantités pour se payer sa dose, comme beaucoup de petits usagers, car l'héroïne coûte cher pour une bourse hongroise. «Le gramme vaut environ 7 000 forints (1 F = 37 forints environ), mais ça, c'est un prix d'ami. Ça peut varier du simple au double selon la qualité de la came», indique-t-elle. Sous le socialisme, le mélange de médicaments et d'alcool ou de pavot était courant. Mais, depuis la chute du rideau de fer, il est aussi facile de se procurer des produits synthétiques ou de l'héroïne que dans n'importe quel pays européen. Péter reconnaît «fumer régulièrement un petit joint» avec ses camarades de lycée à Budapest et avoir goûté aux amphétamines et comprimés d'ecstasy qui circulent dans les soirées disco le week-end, parfois inclus dans le billet d'entrée.
A l'avenir, Péter ou Ildi risquent deux ans de prison. La Hongrie a, en effet, adopté, à la fin de 1998, l'une des législations les plus répressives en Europe en matière de drogue. Le nouveau code pénal frappe fort en introduisant la prison à vie pour les gros dealers et une peine ferme de deux ans pour les petits fumeurs. «A ce compte-là, la moitié de ma classe serait sous les verrous; les prisons vont être surpeuplées!», ironise Péter.
Pays de transit. Cette politique illustre l