Sans trêve, les candidats ont sillonné un immense pays, souvent en
voiture, et tenant pour certains d'entre eux jusqu'à trois meetings par jour. La campagne, molle dans les premiers jours, s'est animée jusqu'à susciter un intérêt imprévu dans un pays où les promesses jamais tenues d'une rafale de cinq scrutins en trois ans avaient de quoi grossir le flot quasi immuable des 40% d'abstentionnistes. Les trois semaines de campagne électorale, qui se sont achevées hier soir, auront décidément marqué une situation inédite en Algérie. Si le futur scrutin peut se targuer d'être réellement pluraliste du fait de la participation des principaux candidats qui peuvent prétendre mobiliser des pans entiers, et différents, de la société, rien n'indique qu'il sera pour autant transparent. Ce n'est pas le moindre de ses paradoxes.
Celui qui apparaît comme le «favori», Abdelaziz Bouteflika, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Houari Boumediene, le doit sans doute plus au soutien d'une haute hiérarchie militaire qui, en Algérie, a toujours réglé la succession présidentielle, qu'à une popularité apparemment moindre que celle de ses principaux rivaux. Ainsi, ses réunions rappellent les salles organisées de l'époque du parti unique et trahissent un sérieux coup de main de l'administration. Cette figure de l'Oranie, qui compte sur la nostalgie que nourriraient les Algériens à l'égard de l'«Algérie digne et forte» (son slogan) du président Boumediene, peut néanmoins faire un score honorable d