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Libération

Un «génocidaire» rwandais face à la justice suisse. Niyonteze accusé d'avoir incité au meurtre des Tutsis.

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publié le 14 avril 1999 à 0h43

Genève, de notre correspondant.

C'est une double première. Un tribunal militaire suisse a commencé à juger, cette semaine à Lausanne, un présumé génocidaire rwandais. Quelques semaines plus tôt, ce tribunal s'était déplacé in corpore au Rwanda pour recueillir des témoignages. La Suisse est ainsi le premier pays européen à juger un Rwandais, accusé d'avoir participé à l'extermination des Tutsis et des opposants hutus en 1994. Une décision qui pourrait faire jurisprudence dans d'autres pays européens. D'ores et déjà, la défense dénonce «un procès impossible» et s'apprête à récuser les témoignages qui seront récoltés au Rwanda.

L'ancien maire de Mushubati, Fulgende Niyonteze, est accusé de génocide et de crimes contre l'humanité, ainsi que de diverses violations des lois de la guerre contenues dans la Convention de Genève, commises lors du génocide de 1994. Il risque la prison à vie pour avoir notamment encouragé la foule à tuer des Tutsis, distribué des armes à des extrémistes hutus et fait assassiner des Tutsis et des Hutus modérés. Arrêté à Fribourg le 28 août 1996, le Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPR) n'avait pas voulu de lui. C'est donc un tribunal militaire helvétique, responsable en droit suisse des violations des Conventions de Genève, qui se charge de rendre justice.

Le procès s'est ouvert lundi. Est-ce le manque de volonté politique ou la difficulté de juger, toujours est-il que ni la Belgique, ni la France n'ont poursuivi les présumés génocidaires se tr