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Libération

Alger se lasse du «vote guignol». Aucune excitation dans la capitale hier, jour de l'élection présidentielle. Pour tous, le résultat était acquis d'avance.

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publié le 16 avril 1999 à 0h48

Alger, envoyée spéciale.

Ce sont des beaux gosses, une petite bande tout comme il faut, gomina, veston, même le téléphone portable «emprunté à un voisin qui a gardé la batterie». A peine poussée la porte, ils sont devenus les rois de ce centre électoral de Bab el-Oued. Un coup d'oeil tout autour, «juste pour voir s'il n'y a pas la grand-mère de l'un de nous en train de voter dans le coin». Et c'est parti. «Mate la scrutatrice à gauche, celle avec le rouge à lèvres marron.» Pas mal, pas mal. Rires, oeillades. Un rendez-vous? «Pour nous, les Algériens célibataires, jour de vote, c'est jour de drague.» Voilà le chef de centre. «Vous venez pour quoi, exactement?» Alors, ils votent. Se rappellent déjà plus pour qui. «En Algérie, je ne connais pas une seule fois où le vote n'a pas tourné guignol. Mais cette fois-ci, c'est le record.» Hier, à Alger, le scrutin présidentiel s'est déroulé dans une sorte d'apesanteur. La veille, à la surprise générale, six candidats sur sept avaient retiré d'un bloc leurs candidatures, estimant que le résultat était déjà «non légitime», entaché par plus d'une centaine d'accusations de fraude sur les votes des corps constitués (forces de l'ordre), ces derniers se prononçant traditionnellement avant leurs compatriotes. Toutes ces malversations jouaient en faveur du septième homme, Abdelaziz Bouteflika, favori de la haute hiérarchie militaire. Un retrait jugé illégal par le général Liamine Zeroual, président sortant, qui avait annoncé mercredi que le vo