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Portrait

Bouteflika ou le temps arrêté

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Avec lui reviennent les effluves de l'ère du parti unique.
publié le 16 avril 1999 à 0h48

Cet automne, l'apparition de son nom parmi les présidentiables a provoqué une sorte d'ébahissement en Algérie. Bouteflika? Pour les aînés, on venait soudainement de rouvrir un tiroir de l'histoire nationale qui paraissait scellé: l'Algérie de Boumédiène, ces années 70 vissées par le parti unique dont «Boutef» fut un des symboles. En revanche, pour les moins de 25 ans, soit la majorité de la population, ce patronyme n'évoquait tout simplement rien, un trou dans la mémoire. Mais les campagnes électorales en Algérie ont cette particularité de se jouer davantage autour de l'urne que dedans: en quelques jours, Bouteflika est passé sans transition de candidat qui étonne à candidat qui détonne. «Avant même un semblant de compétition ["], le résultat est connu d'avance», déclarait l'ancien chef d'état-major Rachid Benyellés dans la presse algérienne fin décembre. «Des instructions ont été données pour que le candidat choisi puisse bénéficier des soutiens appropriés.»

Le «choisi», pour ne pas dire l'élu, a donc 63 ans et un parcours taillé moitié lumière, moitié ombre. Ou bien il occupe le devant de la scène, ou bien il se fait invisible. Ou bien il hurle, ou bien il ne dit mot. Commandant de l'Armée de libération nationale (Aln) pendant la guerre d'indépendance, il fait partie de cette génération qui passe, à l'âge de 20 ans ou presque, du maquis au sommet du nouvel Etat. D'abord ministre des Sports dans le gouvernement Ben Bella, il prend les affaires étrangères sous Boumédiène, por