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Libération

Alger: deprime post électorale. Bouteflika a été désigné président, à l'issue d'un vote très contesté. Ni joie ni grande colère dans la capitale. Seulement une manifestation petite car interdite.

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publié le 17 avril 1999 à 0h47

Alger, envoyée spéciale.

Et si les chars bloquaient les rues d'Alger? Et si des émeutiers brûlaient le palais présidentiel? Et si les mosquées se remettaient à chauffer? Et si, à l'inverse, des cortèges de partisans se mettaient à tirer à la kalachnikov pour fêter un triomphe? Après un scrutin vigoureusement controversé où Abdelaziz Bouteflika fut finalement désigné vendredi soir nouveau président de la république, la capitale s'attendait à tout. Il s'est passé bien pire: rien. Ni colère, ni joie, le néant, «le grand gouffre blanc de la dépression», diagnostique, pensif, un médecin algérois. Rues maussades et temps brouillé, Alger rasait les murs. Comme si, à ce vote-là, il n'y avait finalement eu ni vrai vainqueur, ni vrais perdants.

A 10 heures du matin, hier, les militants d'Abdelaziz Bouteflika se sont rassemblés à leur quartier général pour attendre la proclamation du taux de participation. Ce pourcentage peut en effet être considéré comme le petit suspense du jour, «c'est vous dire le carnaval que sont les élections chez nous», commente un commerçant.

En effet, un jour à peine avant le scrutin, six candidats sur sept avaient annoncé qu'ils refusaient finalement de participer au vote, dénonçant la fraude en faveur de Abdelaziz Bouteflika, soutenu par la haute hiérarchie militaire. Scrutin maintenu, avaient alors décrété les autorités, sans autre état d'âme. Devenu de fait candidat unique, Bouteflika avait alors annoncé que si le vote n'était pas «significatif», il s'efface