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Libération
Reportage

Notre correspondante a vécu l'attaque anti-indépendantiste. Assaut sanglant a Timor. Samedi à Dili, des centaines de miliciens pro-indonésiens ont pourchassé les indépendantistes de Timor-Est.Bilan: au moins vingt morts.

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par Marie-Pierre VEROT
publié le 19 avril 1999 à 0h46

Dili correspondance

Ils se blottissent sous la table de la salle à manger, les yeux agrandis par la terreur. Les vitres volent en éclats sous un tir nourri. La maison est cernée par plusieurs centaines de miliciens surexcités, armés de vieux fusils et de machettes. Nous sommes samedi, en début d'après-midi, à Dili, la capitale du Timor oriental. Les groupes paramilitaires pro-indonésiens viennent de lancer une grande chasse aux indépendantistes, et la maison de Manuel Carrascalao, un petit planteur de café devenu leader du mouvement indépendantiste timorais, est la cible numéro 1. Il abrite chez lui plus d'une centaine de réfugiés, des femmes, des jeunes hommes, des enfants qui ont fui le village de Liquisa, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Dili, où les miliciens auraient massacré plusieurs dizaines de personnes au début du mois.

Tétanisés. Manuelito, le fils de Manuel, tourne en rond comme une bête traquée. Dans l'entrée, il soulève le rideau pour observer la rue, repart vers le téléphone appeler à l'aide. Dans un coin de la pièce quelques réfugiés se terrent, tétanisés. Soudain des pierres sont lancées, tous courent vers la salle à manger du fond. Mais il est trop tard, les miliciens ont cerné la maison. En poussant des hurlements, ils défoncent le portail, pourchassent les femmes et les enfants qui se cachent dans la cour. D'autres groupes tirent à l'intérieur de la maison. Les réfugiés se jettent à terre. Le fils de Manuel tente de les apaiser. Deux journaliste