Menu
Libération
Analyse

La colère des déçus de l'Europe. Les deux partis nationalistes cumulent 40% des voix.

Article réservé aux abonnés
publié le 20 avril 1999 à 0h45

Les Turcs tournent le dos à l'Europe. Le nationalisme jacobin du

Premier ministre Bülent Ecevit, qui se réfère aux valeurs de la république fondée par Mustapha Kemal, et celui d'une extrême droite fascisante sont sensiblement différents, mais ils expriment un même repli et les mêmes peurs. «Cette poussée nationaliste est une réponse à ce que les Turcs ressentent comme une montée du nationalisme kurde, mais elle représente aussi une réaction face à l'incompréhension des Européens», explique Semih Vaner, chercheur au Ceri (Centre d'études et de recherches internationales). Grand vainqueur du scrutin, le Premier ministre sortant, vétéran de la gauche nationaliste, n'a jamais caché un «euroscepticisme» fondé sur le refus des excès du libéralisme et nourri d'une intransigeance sourcilleuse dans la défense de la souveraineté nationale. Le Parti d'action nationaliste (MHP), lui, milite toujours pour une union économique et culturelle avec les «cousins» turcophones du Caucase et de l'Asie centrale, ce monde qui fut le berceau des Turcs et qui représente pour eux l'avenir de la Turquie comme puissance régionale. Ces deux partis antieuropéens cumulent plus de 40% des voix. Le vote du 18 avril a rendu explicite un rejet de l'Europe latent depuis deux ans.

Double choc. Quelque trente-cinq ans d'attente dans l'antichambre de la Communauté européenne puis de l'Union ont lassé les Turcs. Dès 1 959, Ankara demandait un statut d'association. En 1987, elle déposait une demande formelle d'adhés