Menu
Libération

Le président algérien avive la fibre antifrançaise. Bouteflika crie à l'ingérence de Paris mais ménage Washington.

Article réservé aux abonnés
publié le 20 avril 1999 à 0h44

Il a suffi que la France se dise «préoccupée» par le déroulement de

l'élection présidentielle et «continue à espérer que les aspirations à la démocratie du peuple algérien puissent s'exprimer dans un cadre pluraliste» pour que Abdelaziz Bouteflika s'emporte. «Interférence inacceptable», «ni tutelle ni ingérence», a tonné Alger après le communiqué du Quai d'Orsay rendu public vendredi, tandis que le successeur de Liamine Zeroual lançait «le protectorat, c'est fini» et laissait planer la menace de réprimandes plus directement économiques. Décidé à ne pas entrer dans une polémique, Hubert Védrine dédramatisait l'incident en précisant «qu'il ne s'agit pas de tutelle, ni d'ingérence, mais d'une expression normale dans le monde de 1999», non sans réaffirmer l'incrédulité qui domine à Paris quant aux résultats officiels. «Ce scrutin, déclarait le chef de la diplomatie française, traduit manifestement un décalage entre l'espérance qui (s'y) attachait et ce qui s'est finalement produit.»

Elu de manière si contestée que la France officielle est sortie du mutisme observé sur cette élection pour s'en émouvoir, Bouteflika a réagi en confirmant ce que toute sa campagne avait montré: sa volonté de faire d'un nationalisme ombrageux son fonds de commerce. Pendant trois semaines en effet, la promesse d'un retour à un «âge d'or» où une rente pétrolière astronomique permettait d'acheter la paix sociale, a servi de programme à l'ancien ministre des Affaires étrangères de feu le président Boumedie