Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), qui
travaille dans 134 pays et dépense près de 2,5 milliards de dollars par an pour lutter contre les inégalités à l'échelle planétaire, publie aujourd'hui un manifeste d'afroréalisme. Dressant un constat accablant dans tous les domaines, de l'éducation à la santé publique en passant par les politiques d'ajustement et les ravages de la guerre sur le continent (lire ci-dessous), le Pnud entend rappeler à la communauté internationale «ses responsabilités à côté de celles des Africains», selon son directeur adjoint à Genève, Jean Fabre, qui dénonce comme «chiffre de la honte et de la bêtise» les 0,22% de leur PNB que les pays riches consacrent en moyenne à l'aide au développement. «On ne peut pas à la fois demander à l'Afrique de s'ouvrir au monde et à la compétition, de libéraliser et de privatiser ses économies fragiles et, en même temps, fermer les yeux sur le choc en retour et lui refuser les moyens d'atténuer les dégâts sociaux.» Or, à destination d'un continent étranglé par 200 milliards de dollars de dette extérieure, l'aide est passée de 66 milliards de dollars en 1994 à 55 milliards en 1996. «Certaines parties de l'Afrique mettront jusqu'à cent ans à se mettre à niveau.»
Paupérisation. Le dossier du Pnud une synthèse de nombreux rapports internes qui pourrait provoquer une polémique avec la Banque mondiale et le FMI pourfend les certitudes de deux décennies d'ajustement structurel en Afrique. «Les politique