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Libération

Le Sénat inflige un nouveau camouflet au tsar Boris. Les sénateurs ont refusé de destituer le procureur général.

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publié le 24 avril 1999 à 0h26

Moscou, de notre correspondante.

L'époque où Boris Eltsine régnait tel un tsar est bel et bien révolue en Russie. Pour la seconde fois en un mois, les sénateurs ont refusé, mercredi dernier, de suivre le Président qui leur demandait la tête du procureur général, lançant un nouveau défi à son autorité chancelante. «La Russie n'a plus de Kremlin»; «C'est la fin du pouvoir»: toute la presse titrait mercredi sur l'échec d'Eltsine et l'affaiblissement de son pouvoir au profit du Parlement. «C'est un crachat au visage du Président, soulignait le quotidien Kommersant, soit Eltsine se résout à passer définitivement dans le camp des retraités, soit il lance une contre-attaque.»

Mais le Président n'a plus beaucoup de cartouches. Depuis près de trois mois, il tente d'obtenir le départ de Iouri Skouratov, le procureur dont les enquêtes sur la corruption embarrassent le Kremlin. Mais, d'après la Constitution, Eltsine doit pour cela obtenir l'aval du Conseil de la fédération (le Sénat russe). Jusqu'ici, cette Chambre, constituée par les élus régionaux, lui était largement acquise. Soucieux de s'assurer les bonnes grâces du Président et, du même coup, des crédits du budget fédéral pour leurs régions, les sénateurs soutenaient généralement les initiatives du Kremlin. Mais, depuis la crise d'août, le paysage politique a changé. Boris Eltsine a dû accepter la nomination d'Evgueni Primakov au poste de Premier ministre et l'arrivée de communistes au gouvernement. Simultanément, les sénateurs ont