La révolution des oeillets mit fin, le 25 avril 1974, à plus de
quarante ans de dictature salazariste. Tôt ce 25 avril, la voix calme d'un mystérieux Mouvement des forces armées (MFA), transmise par une radio de Lisbonne, exhorte les gens à rester chez eux et à garder leur calme. Ne tenant aucun compte de ces conseils, la population envahit les rues en se mêlant aux militaires. Le Premier ministre, Marcello Caetano, se réfugie dans la principale caserne de gendarmerie de Lisbonne, où un jeune capitaine, Salgueiro Maia, accepte sa reddition. Caetano, qui avait succédé en 1968 à Salazar, victime d'une attaque cérébrale (1899-1970), demande à remettre le pouvoir au général Spinola «pour qu'il ne tombe pas dans la rue». Le lendemain, Spinola annonce la formation d'une junte de salut national et lit la proclamation du MFA, qui propose de rendre le pouvoir aux civils après des élections libres et de mener la politique des «3 D»: démocratiser, décoloniser et développer. Pour le Portugal, la page est tournée en douceur. Indissociablement liées, la démocratisation et la décolonisation allaient être accomplies avec le concours des partis politiques: le Parti communiste, dirigé dans la clandestinité par Alvaro Cunhal; le Parti socialiste, créé en Allemagne en 1973 par Mario Soares; ainsi que les nouveau-nés, le Parti social-démocrate (libéral) et le Centre démocratique social (droite). Rédigée en moins d'un an, la Constitution du 2 avril 1976 permet la mise en place des institutions