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Libération
Reportage

Chamans au grand jour en Bouriatie.

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Interdit du temps de l'URSS, le chamanisme est classé religion officielle.
publié le 26 avril 1999 à 0h27

Le temps n'est plus où les autorités soviétiques traitaient les chamans de «charlatans» ou voyaient en eux des «obstacles au progrès». Comme les lamas bouddhistes et les prêtres orthodoxes, les chamans furent des victimes du régime. Mais, plus discret puisque dépourvu de temple, et plus fondu qu'il était dans la vie des villages, le chamanisme n'a jamais disparu. Et quand l'étau se relâcha (on commença à le réétudier dans les années 70) puis, quand tout fut rendu possible avec la perestroïka, il reprit sa place à côté des églises également renaissantes. Mais phénomène d'époque, depuis le début des années 90, on voit se développer un chamanisme urbain. Le temps des chamans parés de leurs extraordinaires costumes n'est certes pas révolu dans les villages, et perdurent plusieurs de leurs rites anciens tels que les a magnifiquement décrits Roberte Hamayon (1), mais sont apparus en ville des chamans qui officient en costume trois pièces ou en veste de cuir sur chemisette à col ouvert. C'est le cas à Oulan-Oudé, en République bouriate, de l'autre côté de la frontière à Oulan-Bator (Mongolie) et dans nombre de villes russes, en Yakoutie par exemple.

Pour preuve, les associations de chamans qui se sont constituées un peu partout, une sorte de syndicat professionnel pour lutter contre les usurpateurs, les «faux chamans». Pour s'en tenir à la région du Baïkal, l'association d'Irkoutsk compte une centaine de membres, celle de Chita une cinquantaine et on dénombre 87 böös (böö est le nom