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Libération

Au Monténégro, les trafiquants se préparent. Les sanctions devraient relancer la contrebande avec l'Albanie.

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publié le 27 avril 1999 à 0h28

Podgorica, envoyée spéciale.

Les menaces d'embargo pétrolier n'ont en rien altéré la nonchalance proverbiale des Monténégrins, qui vivent depuis un mois dans un état de mi-guerre mi-paix. Les stations d'essence n'ont pas été prises d'assaut ce week-end. Chacun était prêt à se laisser bercer par les propos rassurants du gouvernement monténégrin, laissant entendre ­ sans doute avec raison ­ que les réserves locales de carburant pourraient durer au moins deux mois et ­ certainement à tort ­ que le Monténégro pourrait être épargné par le blocus de l'Otan. Le chef du gouvernement monténégrin, Filip Vujanovic, s'est même déclaré prêt à accepter «toute forme de contrôle» pour garantir que le pétrole importé ne finirait pas en Serbie.

A Tuzi, petite banlieue de Podgorica proche de la frontière albanaise, peuplée en majorité d'Albanais les habitants hésitent entre crainte et jubilation. «Si un embargo est décrété, je quitte immédiatement mon travail et je me remets à la contrebande», explique un jeune Albanais.

Le précédent de 1992. Le détournement d'embargo est une des spécialités locales. Comme une bonne partie des habitants des trois villages situés en bordure du lac Skadar, frontière naturelle entre le Monténégro et l'Albanie, ce jeune Albanais l'a pratiqué à longueur de journée entre 1992 et 1995, lorsque l'ONU avait décrété des sanctions contre la Yougoslavie, après le début de la guerre en Bosnie. Sans beaucoup de risque, en barque ou en bateau. La frontière étant ouverte, certai