Moscou, de notre correspondante.
Des Serbes, victimes innocentes et courageuses des raids de l'Otan, des Albanais du Kosovo fuyant en masse les bombardements alliés" Malgré des efforts pour rééquilibrer sa couverture, la presse russe renvoie une image très différente de celle des médias occidentaux sur la crise. Il a fallu attendre dix jours après le déclenchement des frappes pour qu'elle diffuse ses premiers reportages sur l'exode des Kosovars. Jusqu'alors, l'expression «épuration ethnique» était pratiquement absente des JT. Alors que la presse occidentale faisait ses gros titres sur la «catastrophe humanitaire», les télévisions russes montraient les Belgradois campant la nuit dans des abris.
La chaîne privée NTV a envoyé un journaliste en Macédoine. Mais, en Russie, les journaux télé restent très institutionnels. Sur fond d'images de camps de réfugiés, le journaliste a surtout diffusé des sujets sur le surpeuplement, l'aide humanitaire, etc. Mais peu de témoignages directs sur les horreurs du nettoyage ethnique. «Après avoir eu une ligne proserbe, les journalistes ont eu un sursaut, explique Alexeï Pankine, directeur de la revue sur les médias Milieu. Ils ont compris que, s'ils continuaient à nourrir l'hystérie proserbe des communistes et des nationalistes, cela risquait de se retourner contre eux.» Dominée par des groupes financiers, la presse est majoritairement libérale et redoute par-dessus tout le retour des communistes au pouvoir. Ces corrections ont eu peu d'effets