Southall, envoyée spéciale.
Lundi après-midi, Southall a des allures de lendemain de fête. Le quartier indien de Londres, à forte majorité sikh, a célébré ce week-end le 300e anniversaire de la création de «Khalsa Panth», la naissance de la religion sikh. Des dizaines de drapeaux jaune et bleu flottent tout au long du parcours qui mène au temple Gurdwara Sri Guru Singh Sabha. Avant d'entrer dans la salle de prières, Jahid Sumra se déchausse et range méthodiquement ses sandales dans un box. Souriant et jovial, le vice-président du temple s'incline, mains jointes devant chaque fidèle. Arrivé en Angleterre en 1965, à l'âge de 14 ans, il gère depuis trois mandats les activités de la communauté sikh.
Menaces. Dans son bureau exigu, où sont affichés les portraits des dix gourous de la religion sikh, il a découpé les articles de journaux concernant le quartier. Après les attentats de Brixton et de Brick Lane, Southall pourrait bien être la prochaine cible. Un tract du groupe d'extrême droite surnommé «les Loups blancs», qui a revendiqué l'attentat de samedi dernier, a annoncé qu'il frapperait ici.
Jahid, lui, n'a pas l'intention d'attendre le week-end prochain et une nouvelle explosion pour réagir. Il saisit son téléphone et passe commande. «Michael, je souhaiterais que tu installes une autre caméra devant l'entrée et à l'angle de la rue par précaution. Si tu disposes d'hommes pour patrouiller, c'est OK pour moi.» Pourtant, l'édifice religieux possède six caméras de surveillance tout