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Libération

Groenland: des Inuits déplacés poursuivent Copenhague. Chassés de Thulé en 1953, ils demandent réparation.

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publié le 29 avril 1999 à 0h30

Stockholm, de notre correspondant.

Les Inuit originaires de Thulé, au Groenland, célèbrent à leur manière -irrévérencieuse- le cinquantenaire de l'Otan. En 1951, deux ans après la fondation de l'Organisation militaire, les gouvernements alliés américains et danois s'étaient mis d'accord sur l'établissement de quatre bases de l'US Air Force au Groenland, un territoire aujourd'hui autonome administré par la couronne danoise. En pleine guerre froide, la grande île arctique était une position idéale pour y installer des stations de surveillance de l'URSS et des relais pour les bombardiers américains. Dans la plus grande discrétion, la base de Thulé, à mi-chemin entre le cercle polaire et le pôle nord, sur la côte ouest du Groenland, fut ainsi construite. Très vite, les milliers de G.I. s'y sentirent à l'étroit et en mai 1953, afin d'étendre la station-radar, il fallut expulser et reloger 150 kilomètres plus au nord, à Qaanaaq, 105 Inuit dont la présence entravait les travaux d'agrandissement. Les Inuit obtinrent des logements neufs, mais y perdirent de riches territoires de chasse. A plusieurs milliers de kilomètres de Copenhague, l'affaire ne fit pas grand bruit. Jusqu'à ce que le Danemark ne ratifie, en 1996, la convention 169 de l'Organisation internationale du travail sur les droits des peuples autochtones qui donne théoriquement aux Inuit le droit à la terre.

Dans la foulée, les survivants des 105 Inuit déplacés et leurs parents, en tout 599 personnes regroupées dans l'assoc