Skopje, envoyé spécial.
C'était normalement un camp de transit pour quelques centaines de réfugiés. C'est aujourd'hui une vaste cohue, le symptôme de ce que beaucoup d'organisations ici redoutent depuis quelques jours: la saturation de la capacité d'accueil des camps installés autour de Skopje (32 000 réfugiés à Brazda, 20 000 réfugiés à Stenkovac), voire de la Macédoine tout entière.
Coincée entre le nomans land frontalier de Blace, entre le Kosovo et la Macédoine, et la rivière Varda, la centaine de tentes destinées à recevoir les nouveaux venus, pour une nuit seulement avant un transfert vers d'autres camps, ou vers les familles d'accueil pour les plus vernis, ne suffisaient plus. La demi-douzaine de points d'eau et les quelques latrines de toiles non plus: hier, près de 2 000 réfugiés y attendaient de céder la place aux 4 000 autres encore bloqués à la frontière.
Après avoir passé la nuit dehors, des centaines de personnes étaient enchevêtrées, allongées, assises, sur de simples palettes, recouvertes de couvertures, plus rarement de matelas de mousse. D'autres se contentaient des toiles plastiques distribuées par le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU, posées à même la terre. Autour des tentes, ou dans les tranchées creusées pour faciliter l'écoulement des eaux, les ordures s'offraient à la chaleur sans que personne n'y puisse rien. Conscients de la situation, les ONG paraient hier matin au plus pressé, installaient de nouveaux WC, distribuaient comme elles le pouvaient