Quatre cent mille francs à la mer! Le Super-Etendard revient d'une
patrouille au-dessus de la Yougoslavie. Le mauvais temps l'a empêché de larguer ses deux bombes de 250 kg sur ses objectifs. Mais il ne peut apponter avec elles sur le Foch: trop dangereux. L'avion d'assaut de la Marine nationale doit donc les lâcher en mer, avant d'être «ramassé» par le porte-avions. Depuis le début des frappes, l'Aéronavale aurait ainsi noyé plus de bombes, à 200 000 francs l'unité, qu'elle n'en aurait tirées sur les Serbes, assure-t-on dans l'industrie de l'armement. La Marine, elle, se garde bien de fournir des chiffres. Comme l'ensemble des armées, la «Royale» n'est pas très fière des conditions dans lesquelles elle est engagée au combat. Alors que dans les états-majors, les énergies sont surtout mobilisées pour faire face à la fin du service national et à la réduction des budgets, la guerre jette une lumière crue sur l'état des forces armées.
Examens à terre. A Landivisiau (Finistère), les deux flottilles de Super-Etendard, la 11 F et la 17 F, s'étaient pourtant entraînées à apponter avec des bombes. Les procédures étaient validées, mais les bombes en question étaient américaines. Or, la Marine préfère utiliser des engins français construits par Matra. Stocker des armes à bord d'un porte-avions n'est pas sans danger. Les bombes doivent être «MURATisées», disent les marins, à partir du mot «Munitions à Risques Atténués» et les armes américaines ne le seraient pas assez. Il fallait tout re