Le fils rêve de moissonner la récolte semée par le père il y a 22
ans. C'était précisément le 7 septembre 1977: le général Omar Trujillos, dictateur militaire «progressiste», arrachait au président américain Jimmy Carter la promesse de retirer du Panama les troupes américaines et d'abandonner à ce petit pays d'Amérique centrale la pleine propriété du célèbre canal. Le traité arrive à échéance le 31 décembre à minuit. S'il est élu dimanche président de la République, c'est à Martin Trujillos, 35 ans, qu'il reviendra de célébrer l'accession du Panama à la totale souveraineté sur son territoire.
Cet avocat n'avait que 17 ans quand son père, après douze ans de règne, se tuait en 1981 dans un accident d'avion (souvent attribué à la CIA). La figure du disparu reste légendaire. L'écrivain Graham Greene qualifiait le régime Trujillos de «dictature avec un coeur», et les Panaméens lui doivent de profondes réformes sociales. La popularité de son père reste le meilleur atout de Martin Trujillos, candidat du Parti révolutionnaire démocratique (PRD), formation du président sortant Ernersto Pérez Balladares.
Il devra toutefois partager dimanche le capital de l'émotion historique avec une redoutable concurrente, Mireya Moscosa, 52 ans, dirigeante d'une entreprise caféière. Il y a onze ans, le peuple en larmes enterrait son mari, Arnulfo Arias, un populiste élu trois fois président du Panama. La veuve a échoué à conquérir la présidence en 1994, mais plusieurs instituts de sondages la placent f