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Libération

18e putsch aux Comores. L'armée a chassé les institutions élues sans verser de sang.

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publié le 3 mai 1999 à 0h51

Il n'y a plus d'Etat, mais encore et toujours des coups d'Etat. Aux

Comores, un chapelet de trois îles au large du Mozambique qui, en vingt-quatre ans d'histoire indépendante, a connu dix-huit coups d'Etat, l'armée a pris le pouvoir sans effusion de sang vendredi au petit matin. Le chef d'état-major général, le colonel Azili Assoumani, a dissous toutes les institutions élues et annoncé qu'il formerait, sous sa présidence, un exécutif constitué «en majorité de civils et, notamment, de jeunes technocrates», qui devrait rester en place pendant un an. L'officier quadragénaire, sorti l'été dernier de l'Ecole de guerre à Paris, a déclaré vouloir «sauver le pays du chaos», l'Etat comorien étant «menacé de destruction». Ces justifications classiques prennent un relief particulier sur l'archipel, nid de pirates pendant des siècles, colonie française jusqu'en 1975, repaire du mercenaire Bob Denard et, depuis le départ involontaire du «corsaire de la République» qui passe demain en justice, à Paris, pour l'assassinat du président comorien Abdallah en 1989, une terre d'abandon en pleine dérive sécessionniste" L'Etat ayant fait naufrage, son épave ne nourrissant plus que la rapacité des politiciens dans la capitale, Moroni, l'île d'Anjouan a décidé, en août 1997, de prendre le large. Après avoir vainement tenté de se transformer en un territoire français d'outre-mer, à l'instar de Mayotte, qui a préféré ce statut en 1975 à l'indépendance, Anjouan s'est proclamée indépendante. Cette idée