Stockholm, de notre correspondant.
Rien n'y manque. Côté décorum, on se croirait à un concert anti-Otan à Belgrade. Tous les jours depuis le début des frappes, environ 200 Serbes se réunissent en fin d'après-midi devant Kulturhuset, le «Beaubourg» de Stockholm. Sirène d'alerte aérienne pour démarrer, drapeaux yougoslaves, cibles épinglées sur le coeur, casquettes de l'armée, pancartes demandant que la Suède condamne l'«agression» de l'Otan ou appelant les télévisions suédoises à ne pas copier CNN. Même sur le fronton de Kulturhuset, un panneau électronique indique fortuitement que la pièce la Danse de la mort se joue à guichets fermés. Les trois doigts levés, les Serbes poussent la chansonnette, entre deux messages de collectes, des nouvelles de Belgrade ou des slogans d'où il ressort que Göran Persson, le Premier ministre suédois, se fait siffler, et l'Otan traiter de fasciste. «Nous resterons ici tant que dureront les bombardements, explique Dusan Lazarevic, correspondant à Radio Belgrade, arrivé il y a trente-cinq ans en Suède. Nous continuerons pour faire grandir la mauvaise conscience des Suédois.»
De ce côté-là, les Serbes n'ont sans doute pas besoin de beaucoup forcer. La Suède, le pays d'Olof Palme, pourfendeur des frappes américaines au Viêt-nam à la fin des années 60, dont la doctrine officielle préconise toujours le non-alignement et la neutralité, soutient l'intervention de l'Otan. Dès le départ, le gouvernement social-démocrate a affirmé ses positions: «Nous auri