Skopje, envoyé spécial.
Ce n'était pas le jour de Shabban. Venu en taxi de Tetovo à Skopje pour récupérer sa belle-fille et son petit-fils qui lui avaient téléphoné de Pristina pour annoncer qu'ils allaient arriver en Macédoine, Shabban a vite compris sa déveine, vite saisi que la frontière était bouclée. Elle l'était en fait depuis mercredi 17 heures. «Une catastrophe» pour cet habitant de Pristina, réfugié à Tetovo depuis un mois. Une immense déception, surtout, pour lui et les dizaines de Macédoniens d'origine albanaise venus chercher des proches et qui n'auront vu passer qu'une demi-douzaine de familles, macédoniennes pour la plupart. Et aussi peu de camions.
C'est la première fois depuis le début du conflit que les autorités macédoniennes ferment leurs frontières. «C'est inacceptable. La Macédoine viole tous les traités internationaux sur les droits des réfugiés qu'elle a signés», tempêtait hier matin une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), d'autant plus furieuse qu'un millier de réfugiés qui avaient franchi les barrières serbes ont été, sitôt la décision de fermeture prise, refoulés manu militari par la police macédonienne. Et renvoyés vers la police serbe. «Ils étaient terrifiés, désespérés de devoir faire demi-tour», racontait hier matin cette porte-parole qui craignait que les Serbes les aient forcés à reprendre le train. En fait, ces mille personnes étaient hier vers 16 heures encore regroupées à un kilomètre du point frontièr