Madrid, de notre correspondant.
«Non à l'Otan, paix dans les Balkans», «Espagne 1936; Yougoslavie 1999», «Contre Milosevic, mais par la négociation»: les slogans exhibés lors des manifestations du 1er Mai dans les rues de Madrid et des autres grandes villes d'Espagne avaient tout d'inédit. De l'avis des responsables syndicaux, c'est bien la première fois que les revendications salariales ou la grogne des chômeurs étaient reléguées au second plan. Plutôt discrets jusque-là, les syndicalistes faisaient valoir leur sentiment de «dégoût» face à «l'arrogance atlantiste» et à des alliés européens «inféodés à la toute-puissance américaine».
Pour Candido Mendez, secrétaire général de l'UGT proche des socialistes , «on assiste au déséquilibre de l'ordre international. En réalité, il n'y a pas d'ordre. Les Nations unies ont été délibérément marginalisées, et l'Union européenne n'a pas de contrôle sur des événements qui surviennent dans son aire d'influence». C'est aussi le sentiment qui domine au sein de la gauche radicale espagnole, une option pacifiste essentiellement relayée par le communiste Julio Anguita, le leader d'Izquierda Unida (Gauche unie).
Sur la scène politique, la «dissidence» s'arrête là. Pour le reste des formations, c'est un bel unanimisme derrière le gouvernement de droite Partido popular (PP) de José Maria Aznar. Sur le bien-fondé de l'intervention militaire, on pourrait chercher en vain d'autres voix politiques discordantes, et ce alors qu'une bonne partie de